Nouveau dyptique
Nouveau dyptique d'Akynou...enfin de retouuuuuurrr !!!! : ) Courez vite !
Même système que d'habitude : une (cette fois-ci deux, vous êtes gâtés) photo à illustrer avec un texte et un texte à raconter avec une photo !
photo de Rh.P.
En hommage à notre vieille amie qui sans un gémissement, sans une plainte, nous porte vaillamment par tous les temps. Bon elle a failli une fois, dévorant notre pause du midi, mais il y avait de quoi avec de la neige plein les essieux. Un jour viendra ma belle où tu te réveilleras dans un garage douillet, sous une chaude couverture, objet inutile rempli de toiles d'araignées, de vieilleries et de rires d'enfants faisant semblant d'aller au bout du monde. Alors nous t'aurons réservé un petit bout de jardin : ) ! Petit hommage également à Buzzati.
Objets inanimés avez-vous donc une âme ????? !!!!!!
Dure vieillesse.
Ils m'habitent encore. Mes maîtres aiment malgré tout ma vieille odeur, en tous cas je me plais à l'espérer. Evidemment il y a quelques années, lorsque mon vieux toit a mouillé le fauteuil conducteur, je n'en étais plus aussi sûre. Il a râlé, elle a pleuré : j'étais l'image dégradante de leur déchéance, à les entendre. Oubliés l'hiver rude passé vaillamment, les démarrages presque rapides (ne peut-on pas pardonner les égarements de la vieillesse), les espoirs d'arriver à l'heure jamais déçus, mon incontinence subite les avaient mis dans une rage indiscible. J'en conviens, faire la classe devant quelques petits exemplaires turbulents de l'humanité, le pantalon dégoulinant, a dû effectivement être un peu malcommode. Le soir même, en tendant l'oreille, j'ai même entendu quelques propos inquiétants. Ils parlaient amoureusement de Xsarine picasso, cette altière péteuse qui croit qu'une oeuvre d'art est gravée sous sa peinture (la publicité est mensongère...et ceux qui la croient naïfs) ou de cette énorme pollution vivante qui porte quatre grandes roues, perchée, méprisante et qui m'envoie chaque jour du CO2 dans les narines. "kof, kof", j'en tousse encore... Heureusement pour moi et j'en ricane ils n'avaient pas les moyens de pouvoir s'installer dans des fauteuils sentant le neuf. Alors changer une vieille amie qui a prouvé par ailleurs sa vaillance pour une autre pauvre croûte, il faut y réfléchir à deux fois. J'ai l'habitude de reconnaitre le regard voilé de l'abandon. Mon précédent propriétaire l'a fait sans pitié. Ah ! Une autre pointure. Elle avait pu m'acquérir neuve. Je me souviens encore son émotion palpable, ma première sortie, les regards admiratifs des bipèdes se retournant sur mon passage. En plus sur le volant, les mains douces et raffinées, un peu tremblantes de cette femme qui se savait pionnière, rare vibraient dans un élan soudain. Vous n'allez peut être pas me croire, mais avant de me laisser pour la nuit elle aimait à me dire quelques mots. Rien pour faire les dents à la postérité cependant sa voix chaude m'émeuvait jusqu'au moteur. J'en pleurais même de l'huile, une malfaçon que le garagiste n'expliquait pas. Puis un jour son regard a changé, elle m'a trouvé trop gros, trop carré, trop pointu tandis que son regard s'affûtait aux lignes douces des rondeurs pensées par d'obscurs designers. J'ai changé de main. Un petit couple sympathique, pas bien riches. J'ai connu le mariage, décorée comme une reine, les nuits de heureuses lors des nuits de naissance, le bonheur de porter ces tout petits comme un carrosse soudain gonflé d'importance. Je fais partie de la famille, je suis le ventre qui les abrite des intempéries et qui les mènent à bon port. Je suis même aujourd'hui dans leur liste de départ malgré l'argent qui s'est mis à affluer. J'avais pensé qu'alors ils se débarrasseraient de moi au plus vite. Mais aujourd'hui nous déménageons, je vais connaître avec eux leur nouvelle demeure. Il paraît qu'il y a même un garage, je commençais à en avoir assez des nuits venteuses, une antiquité comme moi souffre d'arthrite, le repos sera le bienvenu, je pourrai rêver à mon ancienne vie. La voix douce ressurgira des profondeurs obscures. Nous voici arrivés, l'émotion m'emporte. Que la vie sera douce pour notre famille ici. Une belle maison qui regarde la mer, un petit jardin clos pour que le petit s'ébatte, des coquillages pleins les mains la grande riant en cascade, les maillots prêts à toute heure et j'observerai tout cela d'un phare bienveillant. Il me semble que j'ai trouvé un bon coin pour la retraite. Et je vois du coin de l'oeil la porte du garage qui me regarde doucement. Je m'endors tranquillement, il a tourné la clef du repos, il était temps tout ce fourbi commençait à être lourd.
- Bon maintenant que nous avons fait le déménagement, tu ne pense pas qu'il serait temps ?
- Elle va me manquer quand même... comme une vieille copine des temps difficile.
- Pas longtemps va, quand tu verras la surprise dans le garage.
Des pas s'éloignent dans le sable, petits, moyens, grand, qui s'effacent doucement dans les rires étouffés.
Même système que d'habitude : une (cette fois-ci deux, vous êtes gâtés) photo à illustrer avec un texte et un texte à raconter avec une photo !
photo de Rh.P.
En hommage à notre vieille amie qui sans un gémissement, sans une plainte, nous porte vaillamment par tous les temps. Bon elle a failli une fois, dévorant notre pause du midi, mais il y avait de quoi avec de la neige plein les essieux. Un jour viendra ma belle où tu te réveilleras dans un garage douillet, sous une chaude couverture, objet inutile rempli de toiles d'araignées, de vieilleries et de rires d'enfants faisant semblant d'aller au bout du monde. Alors nous t'aurons réservé un petit bout de jardin : ) ! Petit hommage également à Buzzati.
Objets inanimés avez-vous donc une âme ????? !!!!!!
Dure vieillesse.
Ils m'habitent encore. Mes maîtres aiment malgré tout ma vieille odeur, en tous cas je me plais à l'espérer. Evidemment il y a quelques années, lorsque mon vieux toit a mouillé le fauteuil conducteur, je n'en étais plus aussi sûre. Il a râlé, elle a pleuré : j'étais l'image dégradante de leur déchéance, à les entendre. Oubliés l'hiver rude passé vaillamment, les démarrages presque rapides (ne peut-on pas pardonner les égarements de la vieillesse), les espoirs d'arriver à l'heure jamais déçus, mon incontinence subite les avaient mis dans une rage indiscible. J'en conviens, faire la classe devant quelques petits exemplaires turbulents de l'humanité, le pantalon dégoulinant, a dû effectivement être un peu malcommode. Le soir même, en tendant l'oreille, j'ai même entendu quelques propos inquiétants. Ils parlaient amoureusement de Xsarine picasso, cette altière péteuse qui croit qu'une oeuvre d'art est gravée sous sa peinture (la publicité est mensongère...et ceux qui la croient naïfs) ou de cette énorme pollution vivante qui porte quatre grandes roues, perchée, méprisante et qui m'envoie chaque jour du CO2 dans les narines. "kof, kof", j'en tousse encore... Heureusement pour moi et j'en ricane ils n'avaient pas les moyens de pouvoir s'installer dans des fauteuils sentant le neuf. Alors changer une vieille amie qui a prouvé par ailleurs sa vaillance pour une autre pauvre croûte, il faut y réfléchir à deux fois. J'ai l'habitude de reconnaitre le regard voilé de l'abandon. Mon précédent propriétaire l'a fait sans pitié. Ah ! Une autre pointure. Elle avait pu m'acquérir neuve. Je me souviens encore son émotion palpable, ma première sortie, les regards admiratifs des bipèdes se retournant sur mon passage. En plus sur le volant, les mains douces et raffinées, un peu tremblantes de cette femme qui se savait pionnière, rare vibraient dans un élan soudain. Vous n'allez peut être pas me croire, mais avant de me laisser pour la nuit elle aimait à me dire quelques mots. Rien pour faire les dents à la postérité cependant sa voix chaude m'émeuvait jusqu'au moteur. J'en pleurais même de l'huile, une malfaçon que le garagiste n'expliquait pas. Puis un jour son regard a changé, elle m'a trouvé trop gros, trop carré, trop pointu tandis que son regard s'affûtait aux lignes douces des rondeurs pensées par d'obscurs designers. J'ai changé de main. Un petit couple sympathique, pas bien riches. J'ai connu le mariage, décorée comme une reine, les nuits de heureuses lors des nuits de naissance, le bonheur de porter ces tout petits comme un carrosse soudain gonflé d'importance. Je fais partie de la famille, je suis le ventre qui les abrite des intempéries et qui les mènent à bon port. Je suis même aujourd'hui dans leur liste de départ malgré l'argent qui s'est mis à affluer. J'avais pensé qu'alors ils se débarrasseraient de moi au plus vite. Mais aujourd'hui nous déménageons, je vais connaître avec eux leur nouvelle demeure. Il paraît qu'il y a même un garage, je commençais à en avoir assez des nuits venteuses, une antiquité comme moi souffre d'arthrite, le repos sera le bienvenu, je pourrai rêver à mon ancienne vie. La voix douce ressurgira des profondeurs obscures. Nous voici arrivés, l'émotion m'emporte. Que la vie sera douce pour notre famille ici. Une belle maison qui regarde la mer, un petit jardin clos pour que le petit s'ébatte, des coquillages pleins les mains la grande riant en cascade, les maillots prêts à toute heure et j'observerai tout cela d'un phare bienveillant. Il me semble que j'ai trouvé un bon coin pour la retraite. Et je vois du coin de l'oeil la porte du garage qui me regarde doucement. Je m'endors tranquillement, il a tourné la clef du repos, il était temps tout ce fourbi commençait à être lourd.
- Bon maintenant que nous avons fait le déménagement, tu ne pense pas qu'il serait temps ?
- Elle va me manquer quand même... comme une vieille copine des temps difficile.
- Pas longtemps va, quand tu verras la surprise dans le garage.
Des pas s'éloignent dans le sable, petits, moyens, grand, qui s'effacent doucement dans les rires étouffés.