Ma participation au dyptique d'Akynou : Naissance

Publié le par Dom

Ma participation au dyptique d'Akynou. Si vous avez la plume facile ou l'appareil photo vous ne serez pas déçu. Illustrez un texte ou épanchez-vous sur une image avec une proposition différente chaque semaine. N'hésitez pas à cliquer :
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Naissance de Léone


Alors c'est cela la vie, l'autre vie, la vraie vie ?

Le souvenir de ma bulle commence à s'estomper. Chaud, doux, mouillé, petite piscine remplie de voix. Et puis l'étroitesse du lieu m'a fait envisager une autre proposition de logement. Le monde, celui que j'entendais, celui que ma mère m'insufflait en m'appelant, en me parlant d'elle.

Ai-je eu raison, ai-je eu tort ? Je ne saurais le dire mais mettez-vous à ma place, le paradis était devenu enfer, plus d'espace pour vivre, un petit, tout petit mètre carré. Mes mains s'imprimaient dans mes yeux, mes pieds entouraient ma tête. Je suis sûr que les grands corps autour de moi ne le supporteraient pas longtemps.

Tiens oui c'est vrai, c'est bizarre ce monde de géants, tous habillés de masques verts. Est-ce cela la vie qui m'attend ? Pas tout à fait je crois, on m'a posé sur le ventre d'une géante, qui m'a caressé en pleurant. J'ai reconnu sa voix apaisante. On m'a laissé goûter à la plénitude de l'existance : sucer ce petit bout sucré dans la chaleur de sa peau. C'est elle, j'ai reconnu le goût de l'eau dans laquelle je baignais. C'est elle, j'ai reconnu la voix d'amour qui ne m'a jamais quitté dans le passage de douleur.

Celui-là, je veux l'oublier comme j'oublierai plus tard mes moments de souffrance pour continuer à vivre. Mais le pourrais-je ? J'ai été malaxé, mon corps infini a trouvé une fin, j'ai senti l'extrème petitesse de moi-même. Je n'étais plus l'infini replié sur lui, mais l'étendu cylindre bordé de toutes parts d'un muscle vivant et palpitant m'indiquant la sortie. Puis brusquement, ces mains gantées qui m'extirpent de cet enfer, la lumière, les odeurs diverses, la douleur de l'air entrant dans mes poumons, passant par une bouche ayant seulement goûté la douceur du liquide sucré. Heureusement elle était là, lui aussi d'ailleurs, le lui dehors, le lui que j'entendais à peine mais qui caressait mes mains rendant ce ventre bosselé comme des montagnes.

J'ai goûté à sa peau, à son lait, je suis séparée d'elle d'un coup de ciseau indolore. Plus rien ne vient de ce cordon qui pend, inutile, déjà absent. J'ai joué avec, c'était mon seul compagnon de peau maintenant il me paraît si lourd alors qu'il dansait avec moi, me frôlant, me donnant les premiers frissons de la chair.

Mais que se passe-t-il, pourquoi m'arrache-t-on à la peau originelle on me lave, on me retourne sans fin, puis on me laisse sur ce tissu rugueux, c'est dur, je ne savais pas ce que c'était le dur, maintenant je le sens, tout mon corps qui s'étale. Où sont-ils, Douce peau et voix rassurante...il me semble que je les entends là-bas. Je lève les bras vers eux, je pense qu'ils vont comprendre, j'espère...Sinon, je suis trop seul pour cette douleur qui monte.

Publié dans Atelier d'écriture

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A
Ça y est, c'est en ligne. J'ai eu quelques soucis ce matin. Ton blog n'allait pas au delà des pages d'hier. Donc impossible de récupérer ce joli texte. c'est chose faite.
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