Le choc du désert

Publié le par Dom

 

Voilà aujourd'hui et depuis une semaine quel est le paysage qui entoure le ksar dans lequel nous sommes à quelques kilomètres de Ouarzazate.

C'est une rencontre brute, qui cause un choc. Au delà du petit lac artificiel il n'y a rien. Rien que de la terre sèche et des cailloux à perte de vue. Au milieu du désert, trône ce petit quartier de villas, rien n'adoucit la chaleur torride du matin et les vents violents avec son lot de sable qui occupent nos après-midis.

Cette terre désolée où chaque jour l'homme lutte contre une nature hostile, fait naître en nous des sentiments contradictoires.

Pour certains d'entre nous : sérénité, réflexion, repos. Suivant Théodore Monod :« Parler du désert, ne serait-ce pas, d’abord, se taire, comme lui ? ».

Pour moi, étonnement, je ne me sens pas du tout à l'aise. J'aime baucoup mieux l'air chargé d'eau de Rabat, sa vie, ses trépidations. Là j'ai l'impression d'être face au vide, seule en moi-même dans un drôle de repli. Je me dessèche doucement, ma peau "s'écaille" (moins remarquez depuis que je m'arrose copieusement de lait hydratant) et une sensation étrange s'empare de moi au fur et à mesure de la journée qui s'étire, comme un gros chat qui se collerait contre ma peau.

J'essaie, j'essaie chaque matin de sentir une légère fraîcheur qui m'aidera à supporter la vie intérieure, dans la superficielle fraîcheur de la clim, mais la journée m'use et les larmes au coin des yeux je contemple le soir les étoiles qui se détachent comme un tapis finement décoré. Je vénère ce lieu et je le déteste.

Nous sommes allés visiter une oasis mourante à quelques kilomètres, sert petit à petit reprend ses droits, les palmiers souffrent et les champs autrefois verts laissent une terre brillante, ravinée par les pluies sèches. Les ksar de terre finement décorées, trace d'un passé glorieux, fondent petit à petit et laissent une impression irrépressible de tristesse. Ou peut être est-ce mon propre reflet qui par moment me semble aussi vide que ces cailloux balayés par le sable décapant. Nous passons ensuite au milieu des oueds secs remplis de cailloux ronds et lisses, balayés par un courant brutal, témoignage d'un eau ravageuse qui tue autant qu'elle sauve. Au détour d'un chemin de terre, un cimetière, dômes de terre avec deux pierres de chaque côté et pour celle que nous avons vu, un bol, seul témoignage de vie. Et l'eau dans les séguias (systèle ingénieux d'irrigation) qui coule doucement.

Alors je lis, et j'espère encore qu'au travers des yeux de Théodore Monod ou de JMG Le Clézio je trouverai l'amour inconditionnel qui nimbe les yeux lointains de certains d'entre nous. Alors je pourrais m'agenouiller dans le sable pour laver mon écuelle comme cet homme si grand que je vénère pour son humanité :

theodore monod

Théodore Monod Méharées

JMG Le Clézio et Jemia Gens des nuages

 

 

Publié dans La p'tite famille

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A
jE DECOUVRE VOTRE BLOG AVEC BONHEUR.L'ARTICLE SUR THEODORE MONOD ME TOUCHE BEAUCOUP.JE LUI RENDS HOMMAGE SUR MON BLOG(hommage.a.eux.over-blog.com)EN CE QUI ME CONCERNE THEODORE MONOD EST LE PLUS GRAND HUMANISTE DU XXèmè ET JMG LE CLEZIO LE PLUS GRAND ECRIVAIN DES XX ET XXIème SIECLES.JE REVIENDRAI SOUVENT LIRE VOS ARTICLES
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D
Merci beaucoup pour la gentillesse de ce commentaire, je vais aller de ce pas voir l'article. A bientôt  et bienvenue !