Tirer les leçons du passé, impossible quand l'or rend fou

Publié le par Dom

C'est en faisant un petit par chez Oxygène que je suis tombée sur l'appel au secours des amérindiens Guyanais adressé à notre président.
Pour pouvoir comprendre la détresse de ces populations face au projet de parc national en Guyane, je me suis quelque peu documenté et comme toujours dans les situations de profit l'être humain révèle sa part obscure.
Il faut dire que les indiens subissent de plein fouet les désastres écologiques liés à la fièvre de l'or. Vous savez ce métal qui rend l'homme tellement fou qu'il oublie toute retenue : meurtres, corruption, villes saccagées, forêt dévastée, eaux polluées, voilà ce contre quoi ils doivent lutter, et c'est loin d'être un roman ou une aventure passée.

L'orpaillage (activité qui consiste à trouver de l'or dans des fleuves) est devenu extrêmement polluant car ils utilisent du mercure pour fixer les paillettes (1kg d'or pour nos riches nantis contre 1kg300 de mercure pour les peuples autochtones, pas de mauvaise conscience ?). Et ainsi que fait l'homme lorsqu'il méprise tout, il crache... ces vandales rejettent donc ce métal hautement destructeur dans le fleuve. Les conséquences pour la faune, la flore sont inquiétantes mais l'enquête mercure 2006 signale un taux anormal de présence de mercure chez les Amérindiens. Ils risquent ainsi : des malformations des bébés, grossesses non abouties  , des cancers, des troubles du système nerveux, retards psycho moteurs, altération visuelle... Les enfants au fur et à mesure des générations sont porteurs de plus en plus de substance, le mercure passant par le placenta, l'allaitement. En bref la mort à petit feu de toute une civilisation.
La fédération des Organisation Amérindiennes de Guyane a porté plainte pour empoisonnement au mercure en 2001.
L'orpaillage est évidemment contrôlé mais gangréné par une activité clandestine, avec un caractère "gangstérien", qui est particulièrement importante. Les conditions de travail de ces clandestins (et de leurs familles) sont déplorables, leur sécurité très peu assurée et leur niveau de pauvreté révoltant.

Un espoir pour les Amérindiens résidait dans le projet de parc national, ils espéraient que leur territoire, en tel danger, serait inclus dans le parc, proposition soutenue par les commissaires d'enquête. Cela leur aurait évité d'être la proie de l'orpaillage clandestin.
Mais voili voilà les élections, sûrement l'industrie orpailleuse en jeu mettant ses richesses pour faire pencher la balance, et le combat inégal du plus fort a gagné.

Je publie donc cet appel au secours vous invitant à le relayer dans vos blogs.
Pour en savoir plus :
Un dossier RFO sur l'orpaillage en Guyane (qui m'a aidé à mieux comprendre le caractère impérieux de cet appel)

Le blog de CAP21

Le site sur le parc national en Guyane


Un argumentaire des Verts


Un article du Monde Diplomatique sur l'orpaillage clandestin et sa faune humaine

Les taux de mercure présent chez les habitants du Haut Maroni et les conséquences de l'empoisonnement


Et l'appel au secours (pris du blog CAP21) :

Indignés que leur revendication, qui n'est rien de moins que le droit de vivre tranquillement dans leur zone d'habitat traditionnelle, n'ait pas été reprise dans le projet final, et ce alors même que les commissaires enquêteurs l'avaient soutenue dans leur rapport d'enquête, les amérindiens écrivent au Président de la République le texte suivant :

Collectif des Amérindiens Wayana et Teko de Guyane française

Monsieur le Président de la République,

Nous, Amérindiens Wayana et Teko habitants du haut maroni, fleuve de Guyane française, venons d'apprendre par voie de presse que notre zone de subsistance ne sera pas mise sous la protection du coeur du futur parc national de Guyane, contrairement à notre revendication unanime.

Nous nous permettons de vous signifier le deuil de nos populations à perdre ainsi le dernier espoir que nous avions fondé en l'entendement de la République française à sauvegarder notre avenir. En effet, sauf à être préservé efficacement de toutes formes d'orpaillage et autres usages destructifs de la forêt amazonienne, si fragile, qui nous fait vivre, notre temps est désormais compté, après avoir su nous adapter et vivre avec dignité pendant 1000 ans, sur ces terres de Guyane.

Il apparaît que la décision prise de ne pas accéder à notre requête relève d'un motif politique, qui voit la volonté de création de ce parc avant les prochaines élections présidentielles primer sur toutes autres considérations, les plus sensées comprises.

Il n'est qu'à examiner le tracé retenu pour ce parc pour que le plus simple bon sens y relève cette anomalie manifeste d'exclure tout notre espace de subsistance de sa protection. Ce tracé n'est clairement que le résultat d'un mauvais travail, irrationnel, de sa détermination: une erreur que la République pourrait avoir la dignité d'admettre.

Au lieu de cela, cette incurie va nous faire disparaître, en tant qu'entité ethnique, culturelle, économique, citoyenne. Disparaître comme ont disparu les Amérindiens d'Amérique du nord, sacrifiés à l'autel d'intérêts moins futiles que ceux de votre gouvernement.

Mais pourtant, nous ne sommes plus au 19eme siècle et ses génocides, ses massacres, ses terribles leçons. A l'évidence, ces leçons de l'histoire ne suffisent pas à la République Française du 21eme siècle pour se montrer plus avisée... Ne serait-ce qu'à penser à ce qu'il restera d'elle, dans l'histoire du monde, après le mal qu'elle aura fait à nos peuples.

A ce point de désolation, comment espérer rendre la France à plus de civilisation?

Espérant votre salutaire intervention, nous vous assurons, Monsieur le Président de la République française, l'expression de notre très profond respect.

KËPËTOMAC TAMO, collectif des Amérindiens du haut Maroni.

Publié dans Solidaires !

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D
Si cela peut au moins éviter que ces peuples meurent dans l'indifférence...
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O
Rienà changer. C'est Super ! Il faudrait que d'autres blogueurs s'y mettent pour faire un buzz.
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